Benoît Jacquet

Maître de conférences affilié à l’université de Kyoto (jusqu’au 30 juin 2019) et à l’université de Hiroshima (depuis 2010), Benoît Jacquet a mis à profit une année de disponibilité (à partir de septembre 2019) pour travailler au centre de projet du Worcester Polytechnic Institute à Kyoto.

Ses recherches portent sur les formes matérielles et immatérielles de la culture spatiale japonaise, il étudie l’histoire, les théories et pratiques de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage au Japon. En 2019-2020 il a achevé plusieurs projets de recherche collectifs: sur l’histoire de l’architecture japonaise d’avant-guerre, sur la construction en bois au Japon, sur l’architecture et les projets urbains de « l’avant-garde » architecturale des années 1950 à 1980 au Japon. Plus récemment, son domaine d’expertise se concentre sur la conservation du patrimoine architectural à travers l’étude de bâtiments et de quartiers historiques à Kyoto.

En 2020-2021, les recherches de Benoît Jacquet sur le terrain au Japon portent sur:

1) l'étude de l'architecture des maisons de villes (machiya) traditionnelles de Kyoto: pour lequel il organise un séminaire tous les mercredis avec les architectes Stéphane Crété, Véronique Hours, Fabien Mauduit en vue de la publication de la première étude en langue française sur ce sujet. À Kyoto, pour ce travail, Benoît Jacquet consulte les archives du Centre pour la préservation des paysages et communautés urbaine de la ville de Kyoto et des architectes (comme Kinoshita Ryôichi) et artisans qui font, soit de la "restauration" historique, soit de la "rénovation" de bâtiments et temples anciens.

2) l'analyse du discours des architectes japonais contemporains : avec la réalisation d'entretiens oraux (et écrits) auprès d'architectes praticiens au Japon et d'artisans dans un village des montagnes du nord de Kyoto.

3) le rapport entre l'architecture et la "nature" (ou l'environnement physique et naturel) : cela comprend une étude sur les matériaux et ressources naturels (comme le bois et la terre) qui sont mis en œuvre dans l'architecture ; une recherche sur l'architecture conçue comme un abri naturel (ou dans la nature), comme c'est le cas pour la conception des maisons de thé, mais également dans l'habitat domestique ; et, dans un dernier temps, un travail plus anthropologique sur les modes de vie de l'habiter au Japon, et la gestion quotidienne ou saisonnière de l'énergie et du confort thermique. Les cas étudiés sont à la fois des bâtiments historiques (pré-modernes), des pavillons de thé ou des villas impériales à Kyoto, et contemporains.

Autres projets de recherche :

« Mutations paysagères de l’espace habité au Japon » :

Cette étude conduite en collaboration avec Nicolas Fiévé (CRCAO-EPHE) depuis 2013 et Yola Gloaguen (CRCAO-Collège de France) depuis 2016 porte sur les transformations de l’espace (de la maison au territoire) au Japon à l’époque moderne, principalement au cours des xixe et xxe siècles. En 2019-2020, le travail a surtout consisté en l’édition d’une douzaine de textes de chercheurs et doctorants – incluant plans, photographies et dessins d’architectures et de villes (Mutations paysagères de l’espace habité au Japon : de la maison au territoire, Collège de France, 2020).

« Une histoire de l’architecture en bois au Japon » : 

Ce projet mené avec l’historien de l’architecture Matsuzaki Teruaki (ICS College of Arts, Tokyo) et l’architecte Manuel Tardits (université Meiji ; agence d’architecture Mikan) porte sur l’évolution de l’architecture et des techniques de charpenterie en bois depuis l’antiquité jusqu’à l’époque contemporaine. L’un des objectifs de cette recherche a été d’établir une histoire de la construction en bois au Japon centrée sur les travaux, pratiques et théoriques, de charpentiers et d’architectes. Cette étude reprend des traités de charpenterie, des dessins de structure et des plans d’architectes, des photographies et des textes d’architecture depuis le Moyen Âge jusqu’au xxie siècle. Ce projet a démarré suite à la construction du Centre EFEO de Kyoto, en 2014 – conçu par l’agence d’architecture Mikan et réalisé avec une structure bois par un atelier de charpenterie de Kyoto – il s’est achevé avec une publication (Le charpentier et l’architecte, PPUR, 2019), actuellement en cours de traduction en langue anglaise.

« L’architecture du futur au Japon (1950-1970) » :

Cette étude porte sur le patrimoine de l’architecture moderne d’après-guerre et sur les projets urbains et architecturaux conçus pendant la période dite de Haute croissance économique (1955-1972). Elle a débuté en 2016 à l’initiative du directeur de la Maison de l’architecture de Poitou-Charente, dans le but de réaliser un livre et une exposition de photographies d’architecture avec le photographe Jérémie Souteyrat. Elle a pris la forme d’un projet d’étude sur la ville et l’architecture japonaise d’après-guerre, avec une emphase sur les travaux des derniers architectes du mouvement moderne, leur vision du « futur », leurs utopies, et le patrimoine en voie de disparition de cette époque. Pour ce travail, qui comprend un relevé photographique de Jérémie Souteyrat (effectué en 2016-2017), des plans, dessins et photographies d’archives, Benoît Jacquet a étudié le discours architectural et la presse spécialisée (journaux et livres d’architecture) des années 1930-1980. Ce projet s’achève avec un livre de photographies (L’architecture du futur au Japon. Utopie et Métabolisme, Le Lézard noir, 2020).

« Restauration, conservation et revitalisation du patrimoine architectural urbain » : 

Ce nouveau projet explore à la fois les aspects architecturaux des maisons urbaines (machiya) de Kyoto et les dimensions sociales (ou sociétales) du travail de terrain. Il donne lieu à plusieurs collaborations avec Oussouby Sacko (président de l’université Seika de Kyoto), Andrea Flores Urushima (université de Kyoto), Jennifer De Winter (Worcester Polytechnic Institute), et des équipes d’étudiants, architectes et ingénieurs issus de ces différentes institutions, des représentants d’associations de quartier (chônaikai), des partenaires privés (Kyoto Journal, Midori Farm, Kyoto VR). Les services d’urbanisme et de conservation du patrimoine de la ville de Kyoto, ainsi que la fondation pour le paysage et le développement des communautés de la ville de Kyoto (Kyôto-shi keikan, machizuri sentâ) sont également consultés. À la demande initiale du Worcester Polytechnic Institute qui souhaitait coordonner des travaux d’étudiants au Japon, plusieurs universités et entreprises ont été conviées à coordonner une série de « projets sociaux » dans la région de Kyoto. Les projets dirigés par Benoît Jacquet portent sur la transformation des maisons (machiya) et des quartiers historiques, ainsi que des communautés qui fabriquent les quartiers (notion de machi-zukuri) depuis la seconde moitié du xxe siècle. Les études et ateliers concernent autant l’architecture, ses modes de restauration et de conservation, que les impacts socio-économiques et écologiques des nouvelles activités urbaines, la décroissance démographique et le tourisme.
Suite à l’exposition « Learning from a Machiya – Machiya no oshie » – conçue par les architectes Stéphane Crété (agence SCA, Battambang), Véronique Hours et Fabien Mauduit (collectif A.P.ARTs) à la galerie Anewal, à l’occasion de la Nuit Blanche Kyoto 2018, organisée par la Ville de Kyoto et l’Institut français du Japon – Benoît Jacquet est engagé dans un projet de publication collective intitulé Leçons de machiya, comprenant des relevés d’architecture et des photographies de Jérémie Souteyrat.

Recherches passées :

« Dispositifs et notions de la spatialité japonaise » :

Quelles sont les spécificités et les caractéristiques de l’espace construit au Japon ? Comment peut-on définir cet espace de manière théorique (en terme de notions) et pratique (de dispositifs) ? Telles sont les questions que nous étudions à travers une étude historique, culturelle et anthropologique des espaces architecturaux et urbains conçus au Japon. L’équipe de chercheurs – architectes, urbanistes, historiens de l’art, géographes, anthropologues – participant à ce projet s’est constituée grâce au réseau franco-japonais Japarchi (Ministère de la culture, CNRS) et réunie régulièrement en France et au Japon. Outre des colloques annuels organisés entre 2008 et 2014 à Kyoto et à Paris, un séminaire mensuel a été mené sur ce thème à l’EHESS entre octobre 2008 et juin 2011. Des actes de colloque, « Vers un vocabulaire de la spatialité japonaise », a été publié par le Centre international sur les études japonaises (Nichibunken) en 2012, puis le projet, qui faisait l'objet d'un financement ANR, a donné lieu à deux publications: le Vocabulaire de la spatialité japonaise, éd. Philippe Bonnin, Nishida Masatsugu, Inaga Shigemi (CNRS édition, 2014) et Dispositifs et notions de la spatialité japonaise, sous la direction de Benoît Jacquet, Philippe Bonnin et Nishida Masatsugu (PPUR, 2014).

« Histoire de l’architecture japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale » :

Au sein d’une vaste recherche sur l’histoire de l’architecture moderne japonaise, cette étude est centrée sur les projets d’architecture monumentale et urbaine développés par les architectes japonais dans les années 1940 au Japon et dans les colonies japonaises en Asie. Cette recherche s’intègre dans un projet à large échelle de l’histoire de l’architecture des pays ayant participé à la Seconde Guerre mondiale, un projet dirigé par Jean-Louis Cohen (New York University, Institute of Fine Arts). Les documents étudiés – photographies, dessins, plans et maquettes d’architecture – sont exposés au musée du Centre Canadien d’Architecture (CCA, Montréal) à l’exposition Architecture en uniforme : projeter et construire pendant la Seconde Guerre mondiale, du 13 avril au 18 septembre 2011. En avril 2011, Benoît Jacquet a été invité par le centre d’étude du Centre Canadien d’Architecture pour mener une recherche sur « Le regard des architectes modernes japonais sur l’architecture japonaise ». http://www.cca.qc.ca/fr/centre-d-etude/1536-choix-du-chercheur-benoit-jacquet-feuillette-les-ouvrages

« Réception et diffusion en Occident de l’espace architectural japonais » :

Dans la perspective épistémologique d’une histoire croisée des influences occidentales et orientales de l’architecture moderne japonaise, nous avous étudié les œuvres architecturales et les productions théoriques des architectes, urbanistes, artistes et paysagistes japonais, européens et américains réalisées entre la fin du 19e siècle (ère Meiji) et l’immédiate après-guerre. Ces travaux – des traités d’histoire de l’architecture et de l’art des jardins, mais également des bâtiments, parcs et jardins – sont nés des échanges, d’importation et d’exportation transcontinentales de conceptions architecturales occidentales et japonaises. Un colloque réunissant des chercheurs japonais, français et américains a été co-organisé par l’EFEO à l’Université d’Ochanomizu à Tokyo en juillet 2010 ; les actes du colloque, Réception et diffusion en Occident de l’espace architectural et de l’art des jardins au Japon ont été édités en japonais en 2011 à Tokyo, puis sous la direction de Nicolas Fiéve et Benoît Jacquet, Vers une modernité architecturale et paysagère: modèles et savoirs partagés entre le Japon et le monde occidental (Collège de France, 2013).

« Architecture et phénoménologie » :

Le travail sur les notions et les dispositifs de l’espace japonais nécessite une analyse des rapports entre la culture architecturale et les pensées philosophiques, orientales et occidentales. L’interrelation entre les traditions religieuses japonaises et la philosophie moderne occidentale est également d’une importance capitale pour la compréhension des dispositifs spatiaux mis en œuvre dans certains types d’aménagements architecturaux et urbains. L’étude des rapports entre l’architecture et la phénoménologie est un thème de recherche qui intéresse à la fois les professionnels de l’architecture et les philosophes – le réseau « Architecture and Phenomenology » (A+P) comprend environ 400 chercheurs et praticiens. Une sélection de 21 articles issus du second colloque A+P organisé à Kyoto en juin 2009 (120 présentations) a été publiée sous le titre: From the Things Themselves: Architecture and Phenomenology, éd. Benoît Jacquet et Vincent Giraud (Kyoto University Press/EFEO, 2012), 550 pages.


 



Benoît Jacquet
Benoît Jacquet

Maître de conférences

Histoire et théorie de l'architecture au Japon



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