Le Baphuon : un siècle de restauration

Le Baphuon au début du XXe siècle

Textes Pascal Royère : « Le Baphuon : un siècle de restauration », dans Angkor VIIIe– XXIe siècle, Mémoire et identité khmères, (Paris : Autrement, 2008)

Le Baphuon au début du XXe siècle :
la fin d’un long silence

« Il faudra attendre le début du XXe siècle et la création de la Conservation des monuments d’Angkor pour que le Baphuon, à l’image de l’ensemble du parc d’Angkor, s’extirpe lentement de sa gangue végétale… »

Rédigées au cours des dernières années du XIIIe siècle, les notes de voyage de Zhou Daguan, missionnaire officiel envoyé par l’Empire du milieu, constituent la description la plus ancienne de la capitale angkorienne et de ses habitants… Si ce texte fourmille d’informations sur différents aspects de la vie à Angkor… ses descriptions architecturales sont beaucoup plus concises… [Au sujet du] Baphuon, les quelques remarques qui accompagnent sa localisation ne sont guère plus prolixes en la matière, sinon pour signaler que la tour de bronze [Baphuon] est encore plus haute que la tour d’or [Bayon]… La seule évocation de la tour de bronze nous éclaire positivement sur l’état du monument qui, à cette époque, ne laisse pas encore paraître le lent processus de ruine de ce géant déjà malade. Le temple-montagne, alors âgé d’un peu plus d’un siècle et demi, s’est pourtant déjà manifesté par son instabilité chronique qui, à défaut de récits contemporains de sa construction, a été révélée par l’étude archéologique et la restauration de l’ensemble reprise en 1995.
C’est en effet au milieu du XIe siècle, durant la construction, alors même que l’on s’échine à construire les galeries, que les trois étages formant l’ossature pyramidale haute de 35 mètres révèlent aux tailleurs de pierre leurs premières faiblesses. Alertés par les désordres apparus, ils sont contraints de modifier les dispositions originales du plan par l’adjonction de massifs de pierre formant contreforts sur les quatre faces… La construction d’une montagne de remblai contenue en trois gradins aurait nécessité la réalisation de soutènements plus solides, et surtout plus épais pour sa stabilisation. Mais l’ossature du temple est déjà bâtie et le retour en arrière est trop compliqué, voire peut-être inconcevable. D’où cette série de consolidations érigées dans l’urgence, en contradiction formelle avec le plan originel du temple et qui, leçon intéressante de l’histoire, inspireront les maîtres d’œuvre pour la construction du massif central d’Angkor Vat »

Angkor

 

 © Autrement. Extrait de Angkor  VIII-XXI e siècles - Mémoires et identités khmères 2008.

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