En 1965, elle soutient une thèse de 3e cycle sur la toponymie khmère et, en 1978, une thèse d’État sur le Rāmakerti (version khmère du Rāmāyaṇa). De 1954 à 1970, elle enseigne le khmer à l’École nationale des langues orientales vivantes (ENLOV) rebaptisée en 1971 Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO), d’abord comme répétitrice, avant d’occuper pendant 5 ans la chaire de cambodgien en tant que professeur délégué. Devenue chercheur au CNRS en 1971, elle s’installe à Leeds en Angleterre pour une quinzaine d’années. De retour en France en 1985, elle enseigne l’épigraphie vieux-khmère et des textes en khmer moyen à la Sorbonne nouvelle – Paris III, puis en 1994, après avoir pris sa retraite, elle poursuit son séminaire à l’École française d’Extrême-Orient. Longtemps, elle continuera son enseignement auprès d’un petit groupe d’élèves assidus, chez elle, à Créteil. Une partie des chercheurs dans le domaine des études khmères ont été ses étudiants de langue khmère à l’ENLOV ou à son séminaire d’épigraphie. Elle nous a quittés le 25 juin 2020. Élève de grands professeurs, parmi lesquels Au Chhieng, André Bareau, François Bluche , George Cœdès , François Crouzet, Jean Filliozat, Gordon Luce, François Martini, Armand Minard, Louis Renou et Harry L. Shorto. Saveros Pou nous livre une production scientifique considérable qui s’élève à plus de 150 publications couvrant le vieux khmer (préangkorien et angkorien), le khmer moyen et le khmer moderne, et qui a profondément façonné le paysage de la khmérologie. Ses recherches sur la langue khmère d’un point de vue diachronique et étymologique couvrent la grammaire du vieux khmer, le système de dérivation des termes khmers, la botanique, la zoologie, la cuisine, les pratiques et l’univers mental religieux du Cambodge ancien, moyen et moderne, la littérature traditionnelle, etc. La production de Saveros Pou comprend des dictionnaires, dont son Dictionnaire vieux khmer-français-anglais publié par le Cedoreck, puis par les éditions L’Harmattan ; des livres, en particulier sa magistrale étude du Rāmakerti en quatre volumes publiés à l’EFEO (PEFEO 110 (1997), PEFEO 111 (1977), PEFEO 117 (1979), PEFEO 132 (1982)) ou bien encore quatre volumes d’Inscriptions nouvelles du Cambodge à l’EFEO (Textes et documents sur l'Indochine 17 (1989) et Textes et documents sur l'Indochine 22-23 (2001)) et à L’Harmattan, sans compter de très nombreux articles en français, publiés entre autres dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, le Journal Asiatique et Seksa Khmer, en anglais et plus rarement en khmer. Une liste non exhaustive peut être consultée ici. Michel Antelme |