In Memoriam Jacques Dumarçay

(Toul 26 juin 1926 - Saint-Rémy-lès-Chevreuse 22 novembre 2020)

Nous avons la tristesse d'annoncer le décès de Jacques Dumarçay, survenu ce dimanche 22 novembre à Saint-Rémy-lès-Chevreuse dans sa quatre-vingt-quinzième année. 

Architecte formé à l'École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de Georges Labro, Jacques Dumarçay a déjà plus d’une dizaine d’années d’expérience en Afghanistan et au Pakistan sur les fouilles de la Mission archéologique de l’Indus dirigée par Jean-Marie Casal lorsqu’il est recruté en 1964 par l’EFEO. Il rejoint alors la Conservation d’Angkor dirigée par Bernard-Philippe Groslier, pour y suivre les chantiers, établir un bureau de dessin et mener une série d’études architecturales. Après la fermeture des chantiers au Cambodge, il est affecté en 1971 à Pondichéry et conduit en Inde les relevés de plusieurs monuments tel que le shore temple de Mahabalipuram. Il étend en 1974 ses études aux monuments de Java, où il devient conseiller pour la campagne UNESCO de restauration du Borobudur. Affecté en Indonésie en 1977, il y reste plus de dix ans pour suivre ce chantier titanesque jusqu’à son achèvement et développer en parallèle ses recherches architecturales. Bien qu’admis à la retraite en 1991, il est sollicité pour apporter son expertise sur le temple de Vat Phu au Laos, et à Angkor où se profile la réouverture du site et son inscription au Patrimoine Mondial. Il accepte alors d’encadrer la reprise des activités de l’EFEO à Angkor avec Bruno Dagens, et ne ménage pas ses efforts pour relancer les travaux interrompus en 1970. Jusqu’à la fin des années 90, il effectue nombre de missions à Angkor pour encadrer et former une nouvelle génération d’architectes et d’ouvriers qui seront à même d’achever les chantiers des terrasses royales et du monumental temple-montagne du Baphuon.

Auteur fécond, Jacques Dumarçay a produit un nombre important de monographies architecturales sur des temples majeurs (Bayon, Ta Kev, Bakheng, Darasuram, Borobudur…), mais aussi plusieurs ouvrages de vulgarisation remarqués et de très nombreux articles plus spécialisés où il a constamment exploré, par le texte et le dessin, les multiples dimensions de son métier d’architecte. C’est d’ailleurs cette double approche qui le caractérise et que l’on retrouve dans le titre « Lire et voir » du chapitre conclusif d’un de ses derniers ouvrages, une « amusette » qu’il avait consacrée aux métaphores littéraires et architecturales.

L’acuité de son regard, son enthousiasme jubilatoire et le partage bienveillant de ses compétences accompagneront le souvenir de ce collègue et ami. Avec Jacques Dumarçay disparaît l’un des plus grands architectes français qui ont œuvré à la Conservation d’Angkor et marqué l’histoire de l’École.

L’EFEO adresse ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Christophe Pottier

Photo : Jacques Dumarçay sur le chantier de la Terrasse des Éléphants, Angkor (Cambodge), 1998 (cliché Christophe Pottier)

 

(Toul 26 June 1926 - Saint-Rémy-lès-Chevreuse 22 November 2020)

We are sad to announce the passing of Jacques Dumarçay, which occurred this Sunday 22nd November in Saint-Rémy-lès-Chevreuse in his ninety-fifth year. 

An Architect trained at the École des Beaux-Arts de Paris in the studio of Georges Labro, Jacques Dumarçay already had more than ten years of experience in Afghanistan and Pakistan on the excavations of the Indus Archaeological Mission directed by Jean-Marie Casal when he was recruited by the EFEO in 1964. He then joined the Angkor Conservation Office directed by Bernard-Philippe Groslier, where he monitored building sites, set up a drawing office and carried out a series of architectural studies. After the closure of the building sites in Cambodia, he was assigned to Pondicherry in 1971 and carried out surveys of several monuments in India, such as the Shore Temple of Mahabalipuram. In 1974, he extended his studies to the monuments of Java, where he became advisor for the UNESCO campaign to restore Borobudur. Posted to Indonesia in 1977, he stayed there for more than ten years to follow this titanic project until its completion and to develop his architectural research in parallel. Although admitted to retirement in 1991, his expertise was solicitated on the matters of the temples of Vat Phu in Laos and Angkor, where the site was set to reopen and be listed as a World Heritage Site. He then agreed to supervise the resumption of EFEO activities in Angkor with Bruno Dagens, and spared no effort in rebooting the work interrupted in 1970. Until the end of the 1990s, he carried out numerous missions to Angkor to supervise and train a new generation of architects and workers who would be in a position to complete the work on the royal terraces and the monumental Baphuon mountain-temple.

Prolific author, Jacques Dumarçay has produced a large number of architectural monographs on major temples (Bayon, Ta Kev, Bakheng, Darasuram, Borobudur...), as well as several popular books and numerous more specialized articles in which he has constantly explored, through text and drawings, the multiple dimensions of his architectural profession. It is this double approach which characterises him and which can be found in the title "Reading and seeing" in the concluding chapter of one of his last works, an "amusette" which he devoted to literary and architectural metaphors.

The sharpness of his vision, his jubilant enthusiasm and the kindly sharing of his skills will accompany the memory of this colleague and friend. With Jacques Dumarçay passes away one of the greatest French architects who worked for the Conservation of Angkor and marked the history of the EFEO.

The EFEO expresses its sincere condolences to his family and friends.

Christophe Pottier

 

Legend: Jacques Dumarçay on the construction site of the Terrace of Elephants, Angkor (Cambodia), 1998 (photo Christophe Pottier)