In Memoriam Jean Deloche

In Memoriam Jean Deloche (1929-2019)

 

C’est avec grande tristesse que nous annonçons la mort de Jean Deloche, survenue le 3 décembre 2019 à Pondichéry. Né le 19 septembre 1929 au Grand-Bornand (Haute-Savoie), il venait de fêter ses 90 ans, entouré par le personnel du Centre où il a passé une grande partie de sa vie, et qu’il fréquentait encore quotidiennement ces derniers jours. Après avoir enseigné au lycée Suryavarman II à Siem Reap de 1961 à 1962 et ensuite dirigé l’Alliance Française de Madras, en 1966 il intègre l’Ecole française d’Extrême-Orient (EFEO) comme chargé de recherche, puis maître de recherche en poste à Pondichéry, où il résidera désormais. Ses premières publications concernent l’histoire de la circulation en Inde (les voitures, les bateaux), et notamment celle des voies de transport (on se souvient d’une étude mémorable sur les ponts indiens), un intérêt qui ne le quittera jamais. S’il se voyait donc avant tout comme un historien des technologies en Inde, ses contributions sont considérables dans bien d’autres domaines : l’histoire militaire, avec des études pionnières sur les techniques militaires au temps des Hoysala et des Nayaks, ainsi que sur les fortifications dans l’Inde du Sud (Senji, auquel il consacre une monumentale monographie). Lui-même grand voyageur dans un sous-continent qu’il a d’abord rejoint à pied en compagnie de son épouse Janine Brégeon, il s’est aussi fait l’historien d’autres voyageurs dont il publie les manuscrits (le comte de Modave, témoin de première main de l’empire moghol, Jean-Baptiste Chevalier en Assam, Wendel, Sonnerat et d’autres). De 1992 à 1994, il est responsable du centre d’histoire et d’archéologie de l’EFEO, dans la rue Dumas, où il garde son bureau jusqu’à la fin de sa vie. Les Pondichériens se souviendront sans doute de l’historien infatigable de leur ville, dont il exhume en 2005 des plans hollandais alors oubliés, et tous ceux qui l’ont connu d’une personne chaleureuse, toujours prête à discuter avec chercheurs, étudiants ou simples curieux : le vide qu’il laisse en nous quittant est immense.