Taipei
Taiwan
FRANCAIS | ENGLISH


Responsable: Frank Muyard

École française d'Extrême-Orient
Institute of History and Philology
Academia Sinica, Nankang 11529
Taipei
Taiwan
Tel: +886 2 2652 3177 / 2782 9555 #275
Fax: +886 2 2785 2035 frank.muyard@efeo.net


PRESENTATION
Seminar: Frank MUYARD
08 JANUARY 24
Conference CEFC-EFEO
Organized by the Taipei Center of the French
School of the Far East and the Taipei Branch of the Center for French
Studies on Contemporary China


Speaker:
Frank MUYARD (EFEO)

Topic:
Les élections présidentielle et législatives taiwanaises de 2024: Analyse des résultats et perspectives

Date:
Tuesday January 16, 2024, 2 p.m.

Venue:
Conference room 1, Research Center for Humanities and SocialSciences (RCHSS), Academia Sinica

Summary:
Le 13 janvier 2024 se tient la huitième élection présidentielle au
suffrage universel direct de Taiwan. Depuis 2012, ce scrutin est
organisé conjointement aux élections pour le Yuan Législatif, offrant
l’opportunité aux électeurs de renouveler la représentation démocratique
nationale en son entier. Cette année, Lai Ching-te 賴清德, le candidat du
Parti Démocratique Progressiste (DPP, Minjindang 民進黨), ancien maire de
Tainan, ancien premier ministre et vice-président du pays depuis 2020,
associé à Hsiao Bi-khim 蕭美琴, ancienne députée et représentante de Taiwan
à Washington, tentera de remporter un troisième mandat présidentiel de
suite pour le DPP, exploit qu’aucun parti n’a encore réussi à Taiwan.
Face à eux, après des négociations rocambolesques et infructueuses pour
une alliance électorale ad hoc, l’opposition se présente en ordre
dispersé, soit d’un côté le « ticket » du Kuomintang (KMT, Parti
nationaliste chinois Zhongguo guomin dang 中國國民黨) composé de Hou Yu-ih
侯友宜, maire de Nouveau-Taipei, et de Jaw Shao-kong 趙少康, ancienne star du
Nouveau Parti (NP, Xin dang 新黨) des années 1990 et personnalité
médiatique représentant l’aile la plus unificationniste du KMT. De
l’autre, l’ancien maire indépendant de Taipei et fondateur du Parti
peuple taiwanais (TPP, Taiwan minzhong dang 台灣民眾黨), Ko Wen-je 柯文哲,
associé à la femme d’affaires et députée Cynthia Wu Hsin-ying 吳欣盈, de la
famille du conglomérat financier et industriel Shin Kong 新光集團. Si
la triangulaire semble favoriser le DPP au scrutin présidentiel, une
certaine fatigue après huit ans d’administration du parti et les
déceptions classiques de parties de l’électorat devant la lenteur des
réformes ou la persistance de difficultés, notamment sur les questions
d’inégalités de revenus, d’inflation et de bulle immobilière
contrebalancent les réussites économiques et stratégiques de Tsai
Ing-wen 蔡英文 et suscitent des désirs de changement alimentant la remontée
dans l’opinion publique nationale d’un KMT déjà vainqueur des élections
locales de 2022. Le récent virage radical de celui-ci vers une identité
unificationniste et nationaliste chinoise affichée, dans la ligne
politique de l’ancien président Ma Ying-jeou 馬英九, et illustré par le
double de choix de Jaw Shao-kong comme candidat à la vice-présidence et
de Han Kuoyu 韓國瑜, candidat populiste du KMT vaincu en 2020, comme tête
de liste pour les élections législatives, s’il a solidifié l’appui de la
vieille base, notamment continentale (waisheng 外省), du parti, risque
toutefois d’éloigner les électeurs centristes peu intéressés par un
rapprochement accéléré avec la Chine. Coeur du soutien du TPP, cet
électorat médian, souvent las des conflits nationalistes entre KMT et
DPP, mais crucial pour obtenir la victoire, est toutefois en nombre
insuffisant pour assurer à Ko Wen-je le succès au scrutin présidentiel.

L’issue
des élections législatives s’annonce encore plus ouverte avec toutes
les combinaisons de majorités relatives possibles, le DPP comme le KMT
ne semblant pas à même de s'assurer un contrôle partisan du parlement.
Le mode de scrutin est à un tour et mixte, avec 73 députés élus
directement dans des circonscriptions uninominales, 34 élus à la
proportionnelle sur liste de partis, et 6 sièges réservés aux candidats
des peuples autochtones. Si la campagne présidentielle tend à mobiliser
l’attention des médias nationaux et des capitales étrangères, la
bataille sur le terrain est tout autant occupée par l’issue des
législatives, avec la possibilité d’un « vote divisé » (split-voting),
non seulement entre le scrutin uninominal et le scrutin de liste, mais
aussi avec le vote pour la présidence. En conséquence, les deux
élections pourraient rendre des résultats politiquement différents
menant au retour d’une division du pouvoir entre l’exécutif et le
législatif ou à la formation de nouvelles coalitions politiques. Le
résultat du scrutin de liste devrait ainsi permettre une croissance du
nombre de députés du TPP, voire le maintien de représentants de petits
partis comme le NPP (New Power Party, Shidai liliang 時代力量) ou le Parti
de l’édification étatique de Taiwan (TSP, Taiwan Statebuilding Party
Taiwan jijin 台灣基進).

L’un des enjeux des élections sera le niveau
de participation, notamment de la part des « jeunes » générations (20-35
ans) et des classes populaires. Les premières qui, avec une
participation exceptionnelle de plus de 70%, avaient apporté un soutien
décisif à Tsai Ing-wen en 2020 dans un rejet générationnel de Han Kuo-yu
et de sa politique, semblent moins mobilisées par la candidature de Lai
Ching-te et en partie séduites par le discours pragmatique et la
personnalité de Ko Wen-je, et ne devraient pas se déplacer en aussi
grand nombre cette fois-ci. Quant aux dernières, elles ont largement
quitté le débat politique depuis la fin des années 2000, voyant rarement
leurs préoccupations relayées par les partis politiques, tous plus ou
moins adeptes d'une politique néo-libérale. La capacité de Lai de les
ramener dans le camp vert à l'instar de l'ancien président Chen
Shui-bian 陳水扁 ou, à contrario, de Han Kuo-yu aux élections locales de
2018, pourrait toutefois être une clé de son succès éventuel.

Parallèlement
à l’analyse des résultats et de leur portée sur l’évolution politique
intérieure, la présentation se penchera sur l'impact des élections sur
la politique internationale de Taiwan et de ses relations avec les
Etats-Unis, le Japon et la Chine.


The conference is moderated by Corrado NERI (CEFC)
The conference will be given in French. Registration is not required.


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