Charlotte Vaudeville

La Tronche, 1918

Membre de 1958 à 1963

Licenciée de lettres classiques (1939), certifiée d'études indiennes (1942), diplômée de l'École des langues orientales en hindi (1943), docteur ès lettres (1950), Charlotte Vaudeville est membre de l'EFEO de janvier 1958 à septembre 1963. En 1958, elle est affectée au service de l'Institut français d'indologie de Pondichéry et spécialement chargée de recherches philologiques dans les domaines des langues hindi et marathi. En octobre 1963, elle est nommée directeur d'études à l'EPHE, toutefois, elle poursuit une partie de l'année (7 à 8 mois) pour l'EFEO ses activités de recherche et de direction d'études en Inde et continue à assumer jusqu'en 1971 la responsabilité du centre qu'elle a ouvert à Poona dans le cadre du Deccan College. De fait, ses séjours à Poona sont réguliers de 1964 à 1982. Elle est nommée professeur à Paris-III en 1968 et prend sa retraite en 1988.

Ch. Vaudeville s'attache à traduire et présenter la tradition littéraire médiévale néo-indo-aryenne. Elle séjourne une première fois en Inde (Calcutta) dans le cadre de l'armée française en 1945. Peu après, elle gagne Allahabad, s'initie à l'avadhi classique, langue du poète Tulsi Das (XVIIe siècle), auteur du Râmâyana dont elle fait le sujet de sa thèse d'État. Elle entreprend la traduction française de sa partie centrale l'Ayodhyâkânda (Livre d'Ayodhya).

Elle quitte Allahabad pour Bénarès où elle intègre la Hindu University en tant qu'étudiante et enseignante de français. Là, elle s'intéresse à Kabir, simple tisserand musulman du XVe siècle, dont les fameux courts poèmes (pada) s'attaquent aux riches et aux puissants, ridiculisent les prétentions des brahmanes et les contradictions de l'islam. Elle entreprend la traduction de ses paroles en anglais et en français.

La religion de Tulsi Das ou de Kabir puise ses sources à la tradition hindoue, mais elle est nourrie de culture populaire et s'exprime avec les thèmes des légendes et les images poétiques du folklore qui sont aussi un sujet d'étude pour Ch. Vaudeville.

Elle se penche par la suite sur l'étude de Sur Das (XVIe siècle), chantre du pays braj, ancien territoire des tribus pastorales du Nord-Ouest de l'Inde. La seule oeuvre présumée authentique de Sur Das est un ensemble de chansons sur le thème de l'amour entre le héros divinisé Krishna-Gopâl et sa parèdre, Râdhâ, ou entre Krishna et les bergères du Braj, les Gopis. Les études braj, dans la lignée de Ch. Vaudeville, prennent un essor considérable.

Elle se replie finalement sur Poona qui possède une importante université et plusieurs instituts de recherche, dont le Deccan College Institute, pourvu d'une riche bibliothèque indianiste. Elle persuade J. Filliozat, alors directeur de l'EFEO, d'y fonder un centre de recherche, lieu de passage et d'échanges pour les indianistes. Elle s'enthousiasme pour la bhakti marathe et ses sant, pour leurs chants abhanga et décide d'étudier le Haripâth.

Au-delà de son esthétique, l'ouvre des sant et des bhakta médiévaux est une source importante pour l'histoire des religions qui est aussi explorée par Ch. Vaudeville.

Elle n'hésite pas, par ailleurs, à affirmer le rôle favorable de l'islam dans l'émergence des littératures vernaculaires hindoues qui se sont faites souvent l'écho de la protestation contre les privilèges intellectuels des détenteurs du savoir sacré en sanskrit. Ces littératures ont, certes, servi à diffuser aux masses la grande tradition de la littérature classique, mais, ce faisant, elles témoignent pour la première fois de la personnalité des populations de basses castes, sans voix ni visage aux temps anciens, qui affirment « leur dignité », en écho peut-être aux prédications des saints soufis. Inversement, la fascination des souverains mogols pour la poésie braj ou l'aisance des auteurs soufis de premâkhyân, pour se mouvoir dans le cadre des légendes hindoues de leurs récits, prouvent, selon Ch. Vaudeville, la nature hybride, souvent occultée, de la culture indienne médiévale.

Source

Pour les publications jusqu'en 1991, voir Littératures médiévales de l'Inde du Nord, Contributions de Charlotte Vaudeville et de ses élèves, F. Mallison éd., Paris, EFEO (PEFEO, 165), 1991, p. 5-9.


Publications

1955

Étude sur les sources et la composition du Râmâyana de Tulsî-Dâs, Paris, Libr. d'Amérique et d'Orient-Adrien Maisonneuve, [trad. hindi paru en 1969, Pondichéry, Institut français d'indologie (PIFI, 15)].

1957

Kabîr Granthâvalî (Dohâ), avec introd., trad. et notes, Pondichéry, Institut français d'indologie (PIFI, 12).

1959

Kabîr : Au cabaret de l'amour, trad. du hindi, préfacée et annotée, Paris, Gallimard (Connaissance de l'Orient).

1962

Les Duhâ de Dhola-Mârû. Une ancienne ballade du Râjasthân, Pondichéry, Institut français d'indologie (PIFI, 21).

1965

Bârahmâsâ. Les chansons des douzes mois dans les littératures indo-aryennes, Pondichéry, Institut français d'indologie (PIFI, 28).

1969

L'invocation. Le Haripâth de Dnyândev, Paris, EFEO (PEFEO, 73).

1977

Le Râmâyan de Tulsî-Dâs. Texte hindi traduit et commenté, Paris, Les Belles Lettres (Le Monde Indien).

1982

Kabîr-Vânî, recension occidentale, introd. et concordances, Pondichéry, Institut français d'indologie (PIFI, 28).

1993

A Weaver Named Kabir, Selected Verses with a Detailed Biographical and Historical Introduction, Delhi, Oxford University Press.

1996

Myths, Saints and Legends in Medieval India, Delhi, Oxford University Press.

 

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