Noël Peri

Cruzy-le-Châtel, 1865 - Hanoi, 1922

Membre de 1907 à 1922

C'est par l'intermédiaire des Missions étrangères que Noël Peri arrive au Japon en 1888, quelques mois après avoir reçu la prêtrise. Il a alors 23 ans. Dès son arrivée il entreprend l'étude de la langue parlée, puis de la langue écrite. Il est tout d'abord envoyé à Matsumoto (département de Nagano), ville située dans les montagnes. Il y passe six années (avec une courte interruption en 1892, où il est rappelé à Tôkyô pour y diriger un orphelinat), au terme desquelles il a terminé la traduction en japonais de deux des quatre Évangiles.

Par la suite, il s'installe à Tôkyô, dans le but de fonder une grande revue en japonais, et, à côté d'elle, pour la soutenir et lui fournir ses moyens d'existence, une librairie française. La revue Tenchijin (Le Ciel, la Terre et l'Homme) commence à paraître en fascicules mensuels, en 1898. N. Peri veut en faire une revue de haute tenue philosophique, où soient abordés tous les grands problèmes de la métaphysique et de la morale, dans un sens catholique, mais sans préoccupation confessionnelle trop étroite. Il met en elle beaucoup d'espoir pour assurer au Japon le prestige et le succès du catholicisme. La librairie, fondée en même temps, est confiée à ses soins. Cependant, alors que l'effort fourni par N. Peri semble porter ses fruits, des influences hostiles au groupe des novateurs qu'il incarne ont raison de sa détermination, et, en mai 1902, il quitte la Société des Missions étrangères pour exercer désormais librement son ministère au Japon comme prêtre indépendant.

Dès 1904, il organise la publication des Mélanges (qui deviennent trois ans plus tard les Mélanges japonais), dont le but est de « mettre sous les yeux des missionnaires le compte rendu des publications qu'il peut-être utile de connaître ». Les articles sont consacrés aux études historiques, philosophiques, littéraires, et concernent en majorité des publications japonaises. Pendant sept ans, les Mélanges constituent la première des revues étrangères consacrées au Japon. La contribution la plus importante de N. Peri aux Mélanges est une série d'articles intitulés « Bukkyo seiten - Les livres sacrés du bouddhisme ». Il s'agit de discussions concernant le canon bouddhique, la cosmogonie et la mythologie bouddhiques, réalisées à partir d'un livre récemment publié, Bukkyô seiten de Maeda Eun et Nanjô Bunyû, ouvrage réunissant des textes tirés des livres fondamentaux du canon bouddhique. Cependant, la publication des Mélanges est suspendue en 1910, suite à l'intervention de la même frange hostile qui l'avait poussé à quitter les Missions étrangères.

À cette époque, N. Peri a déjà quitté le Japon. Après une brève incursion dans le journalisme, à Shanghai (collaboration régulière à L'Écho de Chine et correspondances avec l'Avenir du Tonkin), un arrêté du 9 mars 1907, le nomme pensionnaire (il sera secrétaire-bibliothécaire de 1911 à sa mort) à l'EFEO. C'est alors que commence la période purement scientifique de sa carrière. L'année même de son arrivée à Hanoi, il est chargé des cours de langue et de littérature française à l'université indochinoise. Dans le même temps, il ouvre à l'EFEO un cours de langue japonaise parlée.

Sa production, entre 1907 et 1922, est considérable. Elle est ponctuée de nombreuses missions au Japon. Son ouvre est sinologique par ses longues études des textes bouddhiques, publiées dans le BEFEO entre 1909 et 1918. Elle est japonologique avec, d'une part sa série d'études sur le drame lyrique japonais, le nô, également paru dans le BEFEO de 1909 à 1920. D'autre part, elle compte une histoire des relations de l'Indochine et du Japon du XVIe au XVIIe siècle, à partir de documents en grande partie inédits, ainsi que la traduction du Makura no sôshi de Sei Shônagon, l'une des oeuvres les plus remarquables de la prose japonaise classique de l'époque Heian (794-1185). Il commence également la traduction de quelques nô.

Ses recherches restent en partie inachevées, du fait de son décès prématuré, à Hanoi, le 25 juin 1922, des suites d'un accident de voiture.

Sources

BEFEO 22 (1922), p. 404-417.


Publications

1906-07

« Bukkyo seiten - Les livres sacrés du bouddhisme », Mélanges 9 (janv. 1906), p. 19-40 ; 10 (avril 1906), p. 159-186 ; 14 (avril 1907), p. 214-234 ; 15 (juil. 1907), p. 305-325 ; 16 (oct. 1907), p. 435-460.

1909

« Études sur le drame lyrique japonais (nô) », BEFEO 9, p. 251-284, 707-738.

1911

« Disciples et commentateurs de Vasubandhu », BEFEO 11, p. 377-390.

1913

« Le nô de Sotoba-Komachi », « Le nô d'Ohara gokô », « Le nô d'Aya no tsuzumi », BEFEO 13-4, p. 1-113.

1916

« Le dieu Wei t'o », BEFEO 16, p. 41-56.

1917

« Hârîtî, la mère-de-démons », BEFEO 17/3, p. 1-102.

1918

« Les femmes de Çâkya-muni », BEFEO 18/2, p. 1-35.

1920

« Le nô de Mima », « Le nô de Tamura », « Le nô d'Eguchi », « Le nô du kinuta », « Le nô de Matsuyama-kagami », BEFEO 20/1, p. 1-110.

 

Accueil EFEO