André-Georges Haudricourt

Paris, 1911 - 1996

Détaché de 1948 à 1949

A.-G. Haudricourt passe son enfance en Picardie. Après avoir obtenu son baccalauréat (1928), il s'oriente d'abord vers les sciences naturelles : diplômé de l'Institut d'agronomie en 1931, il se spécialise en génétique à Paris (1932) et à Léningrad (1934-1935). Il éprouve cependant, dès 1933, le besoin de compléter sa formation par des études d'ethnologie, de géographie et de linguistique. Ses premiers travaux, publiés entre 1936 et 1940, annoncent déjà la démarche qui est caractéristique de toute son ouvre : le recours à des témoignages inconscients, puisés dans l'histoire des techniques, des plantes, des langues, pour élucider l'histoire des hommes.

En 1940, il est recruté au CNRS, à la section de botanique, qu'il quitte en 1945 pour celle de linguistique. Dans ce domaine, il commence par se pencher sur l'histoire des langues romanes, qu'il traite dans plusieurs études qui font date. Très vite, il étend sa recherche aux langues d'Asie du Sud-Est. Aussi accepte-t-il sans hésitation un détachement à l'EFEO de Hanoi, où il est conseiller scientifique à la bibliothèque en 1948 et 1949. Ce séjour lui permet d'exploiter les sources de l'EFEO et d'effectuer des voyages dans tout le Vietnam. Il marque le début d'une longue série de travaux sur les langues d'Asie, dont certains révolutionnaires, sur le rapport entre le thaï et le vietnamien, sur la branche môn-khmer, sur le chinois archaïque, sur les tons dans les langues d'Asie du Sud-Est.

À partir des années soixante, il élargit encore plus l'éventail des langues étudiées, en apportant des contributions importantes à notre connaissance des langues parlées en Nouvelle-Calédonie, où le mènent plusieurs missions.

Les études linguistiques, publiées dans un grand nombre d'articles, dans les actes de colloques nationaux et internationaux, aussi bien que dans plusieurs ouvrages, ne constituent qu'une partie de son activité scientifique. Parallèlement à ses recherches sur les langues, en effet, il continue depuis les années trente à s'intéresser aux plantes, aux animaux, aussi bien qu'aux techniques, ce dont témoigne un nombre imposant de publications, parmi lesquelles deux maîtres-ouvrages sur l'histoire des plantes et sur l'histoire de l'araire et de l'attelage.

Quelques idées maîtresses traversent son ouvre de bout en bout, en lui permettant d'organiser ses vastes connaissances autour d'une même quête, d'une même conduite. Qu'il considère un mot, un outil, une plante ou encore un animal, A.-G. Haudricourt renonce à la simplification consistant à isoler l'objet envisagé de l'environnement dans lequel il joue un rôle déterminé et du temps dans lequel il évolue. Son approche est, en effet, toujours rigoureusement fonctionnaliste et historique. Il privilégie ensuite l'étude des objets dans leur rapport à l'homme, se faisant ainsi le promoteur des ethnosciences. En scrutant les comportements humains, il épuise à fond la valeur explicative du fait social, plutôt que de recourir à l'étiologie génétique. Renonçant, enfin, aux généralisations hâtives, toute son ouvre traduit l'effort opiniâtre d'une pensée scientifique qui aspire à expliquer et à prédire, en se basant sur l'observation sans schèmes préfigurés.

Source

Bio-bibliographie dans BEFEO 84 (1997), p. 31-64.


Publications

1943

(avec L. Hédin), L'homme et les plantes cultivées, Paris, Gallimard (La géographie humaine, 19), 233 p., [2e éd. 1987].

1949

(avec A. Juilland), Essai pour une histoire structurale du phonétisme français, Paris, Klincksieck, xiv-147 p., [2 e éd. 1970].

1955

(avec J.-B. Delamarre), L'homme et la charrue à travers le monde, Paris, Gallimard (La géographie humaine, 25), 506 p., [2 e éd. 1986].

1965

Le vocabulaire bê de F. M. Savina, Paris, EFEO (PEFEO, 57), 170 p.

1978

(avec C. Hagège), La phonologie panchronique, Paris, PUF, 224 p.

 

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