Alfred Foucher

Lorient, 1865 - Paris, 1952

Directeur en 1901-1902 (intérim) et de 1905 à 1907

Agrégé de lettres en 1888, Alfred Foucher travaille pendant trois années dans l'enseignement secondaire, puis s'engage dans la voie de l'indianisme. Son attention est attirée par les relations possibles entre l'Inde et la Grèce, et par les rapports déjà bien constatés entre le sanskrit et les langues classiques. De 1891 à 1894, il est boursier de la ville de Paris à l'École des hautes études où il suit les cours de S. Lévi. À partir de là se manifeste sa prédilection pour l'art bouddhique et le Bouddha. Ce seront les lignes maîtresses de toute sa carrière scientifique.

Le 20 janvier 1895, il est diplômé de l'École des hautes études avec une thèse sur Les scènes figurées de la légende du Bouddha et dès le Ier février, il y devient maître de conférence. Il pense alors à partir sur le terrain et obtient du ministère de l'Instruction publique une mission en Inde (1895-1897). Il est chargé de relever les vestiges laissés par cet art « gréco-bouddhique ».

En 1900, il insère dans la « Bibliothèque de l'École des hautes études » la première partie d'un travail sur L'iconographie bouddhique de l'Inde d'après les documents nouveaux. Ces documents sont les miniatures avec légendes de deux manuscrits de Cambridge et de Calcutta qui permettent d'étudier l'iconographie du bouddhisme à l'aide d'annotations purement indiennes. En 1905, il donne la seconde partie de cet ouvrage, réservée cette fois à des Textes inédits, extraits de manuscrits bouddhiques, dont les descriptions énumèrent les caractéristiques des mêmes divinités représentées par les miniatures.

En parallèle, il s'attache aux productions propres à l'art gréco-bouddhique qui fleurissait, vers le début de notre ère, sur les confins nord-ouest du Penjab et propose une étude d'ensemble de cet art : son aire géographique et son histoire, l'architecture de ses monuments, l'interprétation de ses bas-reliefs, l'identification de ses statues, son influence sur le reste de l'Inde jusqu'au VIe siècle. En mars 1905, il présente le premier volume de cet ouvrage, consacré aux édifices et aux bas-reliefs, comme thèse principale de doctorat ès lettres sous le titre L'art gréco-bouddhique du Gandhâra. Deux nouveaux volumes paraissent : en 1918 sur les images, en 1922 sur l'histoire, suivis d'un troisième moins étendu (additions, corrections, et index) en 1951. Toutes ces sculptures composites qui s'inspirent de modèles hellénistiques repris à la manière indienne étaient connues avant Foucher, mais leur symbolisme restait lettre morte. A. Foucher a eu le mérite de les interpréter correctement.

Avant même de passer son doctorat ès lettres, A. Foucher est nommé directeur de l'EFEO en décembre 1904, en remplacement de L. Finot. Il a déjà assuré l'intérim de la direction de l'École de janvier 1901 à janvier 1902. Il reste un peu plus de deux ans à Saigon, puis est nommé, en mai 1907, chargé de cours à la Sorbonne pour les langues et la littérature de l'Inde, en remplacement de V. Henry. En septembre, il devient directeur adjoint, puis en 1914 directeur à l'École pratique des hautes études. Entre-temps, il est nommé membre (1908) puis secrétaire (1910) de la Commission archéologique de l'Indochine.

Les années 1915-1916 le trouvent professeur à l'université Columbia, aux États-Unis. En 1918, l'Archaeological Survey of India et Sir John Marshall réclament sa collaboration qui se prolonge jusqu'en 1921. Un an plus tard, il fonde la Délégation archéologique française en Afghanistan, dans un pays jusque-là hermétiquement clos, et négocie une convention qui accorde à la France pendant trente ans le privilège des fouilles. Au terme de sa mission en 1925, il est appelé à Tôkyô pour prendre la direction de la Maison franco-japonaise nouvellement fondée. En 1926, il regagne la France par la Corée et la Chine.

Il reprend son enseignement à l'École des hautes études et à la Sorbonne où, en 1929, il est nommé professeur titulaire. Parallèlement, il fonde avec S. Lévi et É. Senart l'Institut de civilisation indienne que préside ce dernier. Mais É. Senart meurt en 1928 et A. Foucher lui succède, cependant que la même année, l'Académie des inscriptions et belles-lettres l'élit au fauteuil que ce décès a rendu vacant. Il prend sa retraite en 1936 et se consacre à la publication de ses ouvrages.

Sources

JA 240 (1952), p. 389-393 ; Académie des inscriptions et belles-lettres, Comptes rendus des séances de l'année 1954, nov.-déc., p. 457-467.


Publications

1892

« Ksemendra. Le Buddhâvatâra », JA 20/8e série, p. 167-175.

1900-05

Étude sur l'iconographie bouddhique de l'Inde d'après les documents nouveaux, Paris, 1900, et Étude sur l'iconographie bouddhique de l'Inde d'après des textes inédits, Paris, E. Leroux, 1905.

1905-51

L'art gréco-bouddhique du Gandhâra. Étude sur les origines de l'influence classique dans l'art bouddhique de l'Inde et de l'Extrême-Orient, 2 t. [t. 1 : 1905 ; t. 2 en trois fasc. : 1918, 1922, 1951], Paris, Imprimerie nationale (PEFEO, 5 et 6).

1909

« Notes d'archéologie bouddhique : I, Le stupa de Boro-Budur ; II, Les bas-reliefs de Boro-Budur ; III, Iconographie bouddhique à Java », BEFEO 9, p. 1-50.

1926

« Notes sur l'itinéraire de Hiuan-tsang en Afghanistan », dans Études asiatiques publiées à l'occasion du 25e anniversaire de l'École française d'Extrême-Orient, Paris, G. van Oest (PEFEO, 19), p. 257-284.

1939

(avec John Marshall), The monuments of Sâñchî, 3 vol., [Delhi, Government Press].

1942-47

(avec E. Bazin-Foucher), La vieille route de l'Inde de Bactres à Taxila, 2 vol., Paris, Éd. d'Art et d'Histoire.

1949

Éléments de systématique et de logique indiennes : Le Compendium des topiques (Tarka-samgraha) d'Annam-Bhatta, Paris, Adrien-Maisonneuve.

1949

La vie du Bouddha, d'après les textes et les monuments de l'Inde, Paris, Payot.

1955

Les vies antérieures du Bouddha, d'après les textes et les monuments de l'Inde, Paris, PUF.

 

Accueil EFEO