Pierre Dupont

Paris, 1908 - Bangkok, 1955

Membre de 1936 à 1950

De formation extrêmement complète et variée (licence ès lettres, diplômes de l'École pratique des hautes études, de l'Institut d'ethnologie et de l'École du Louvre), Pierre Dupont entre au musée Guimet en tant que chargé de mission, pour y établir Le catalogue des collections indochinoises. Pensionnaire de l'Institut français d'Amsterdam (1933-1935), puis de Berlin (1935-1936), il apprend le néerlandais et étudie l'art de Java, et, plus particulièrement, les bronzes de la période indo-javanaise, à l'université de Leyde. Il publie dès le début des années 1930 diverses études sur la statuaire de l'Asie du Sud-Est.

Après six tentatives, il est nommé membre de l'EFEO en janvier 1936 et se familiarise alors avec le terrain. Une première mission le conduit à Angkor, mais aussi dans les Kulen et en Thaïlande. Il y découvre l'archéologie mône de Dvâravatî, qui devient le sujet principal de ses recherches. Il accompagne aussi V. Goloubew chez les Muong pour recueillir des informations sur les rituels associés à l'usage des tambours de bronze et visite les monuments du Campa (BEFEO 36).

Affecté à Hanoi, il donne, au musée Louis Finot, une série de conférences, qui seront publiées dans le BEFEO. Il s'initie aussi à l'épigraphie khmère aux côtés de George Codès, avec qui il publie « Les inscriptions de Prasat Kok Pô » (BEFEO 37), article qui marque le début d'une collaboration ininterrompue. En 1937 et 1938, il se rend à nouveau à Angkor et dans les Kulen, ainsi que dans la région de Battambang, pour étudier les monuments, tant sur le plan de l'histoire que sur celui de l'histoire de l'art (BEFEO 38), mais il effectue surtout des repérages en Thaïlande sur deux sites majeurs du royaume môn de Dvâravatî : Nakon Pathom et Kok Vat.

Nommé membre permanent de l'École en avril 1938, il devient secrétaire-bibliothécaire et conservateur de la section d'art et d'archéologie au musée Louis Finot de Hanoi. Malgré ces nouvelles charges administratives, il entreprend deux campagnes de fouilles à Nakon Pathom (janvier à mai 1939 et avril à juin 1940), où il met au jour, à Vat Phra Pathon, un monument qui lui fournira son sujet de thèse de doctorat sur l'archéologie mône de Dvâravatî. En août 1941, il est nommé secrétaire général de l'Institut bouddhique de Phnom Penh. Deux ans plus tard, s'y ajoute la charge de Conservateur des monuments du Cambodge (à l'exception de ceux d'Angkor) et, à partir de 1944, celle de Conservateur du musée Albert Sarrault.

Arrêté à Phnom Penh en mars 1945, P. Dupont est interné jusqu'à la libération du Cambodge. Il est alors engagé comme conseiller auprès du ministre des Cultes et des Beaux-Arts, avant de reprendre son poste de secrétaire de l'Institut bouddhique. Après plus de dix ans passés au Vietnam et au Cambodge, il rentre en France (1947-1948), où il participe, en collaboration avec George Codès, à la nouvelle édition de la stèle de Sdok Kak Thom. De retour à Saigon en juin 1948, il devient Conservateur du musée Blanchard de la Brosse et publie en 1939, dans le BSEI, le compterendu de ses recherches archéologiques en Thaïlande et son étude sur « Le Sud indochinois aux VIe et VIIe siècles ».

De retour en France à la fin de l'année 1950, il prend ses distances par rapport à la direction de l'École et obtient son rattachement au CNRS en 1951. Il s'oriente alors vers l'enseignement, en tant que chargé de conférences à l'École pratique des hautes études et chargé de cours à l'Institut d'art et d'archéologie de la Sorbonne, université où il obtient la création d'une chaire d'archéologie de l'Inde et de l'Asie du Sud-Est, après la soutenance de son doctorat ès lettres en juillet 1953.

Nommé administrateur de l'Institut de civilisation indienne en 1954, puis rapporteur de la section des civilisations non classiques du CNRS en 1955, il a pour mission d'assurer un lien entre les antennes asiatiques de l'EFEO et les services administratifs regroupés à Paris, après la fermeture du bureau de Hanoi à la suite des Accords de Genève. Cependant, après une visite à Ceylan et à Pondichéry, il meurt brutalement à Bangkok, alors qu'il se préparait à rejoindre la Birmanie.

Grand savant, ses recherches portent sur l'histoire, l'histoire de l'art et la philologie (langue mône et vieux khmer) de la péninsule Indochinoise, domaines pour lesquels sa contribution demeure fondamentale. Mais son apport à la connaissance des pays indianisés dépasse ses propres recherches, puisque c'est sous son impulsion que l'enseignement de l'art et de l'archéologie de l'Asie du Sud et du Sud-Est est créé à l'université.

Sources

Arts asiatiques 2/4 (1955), p. 309-312 et 6/1 (1959), p. 59-69 ; bio-bibliographie dans Pierre Dupont (1908-1955). In Memoriam, Paris, Institut de civilisation indienne, 1955, p. 3-39 et BEFEO 49/2 (1959), p. 637-648.


Publications

1934

(avec Ph. Stern, J. Auboyer, G. de Coral-Rémuzat), Catalogue des collections indochinoises du musée Guimet, Paris, Musées nationaux.

1935

« Art de Dvaravati et art khmer. Les Buddhas debout de l'époque du Bayon », Arts asiatiques 9/2, p. 63-75.

1936

« L'art du Kulen et les débuts de la statuaire angkorienne », BEFEO 36/2, p. 415-426.

1941

« Variétés archéologiques : 1. Visnu mitrés de l'Indochine occidentale », BEFEO 41/2, p. 233-254.

1943-46

(avec G. Coedès), « Les stèles de Sdok Kok Thom, Phnom Sandak et Prah Vihar », BEFEO 43, p. 56-154.

1950

« Les Buddhas sur naga dans l'art khmer », Artibus Asiae 13/1-2, p. 39-62.

1952

« Les linteaux khmers du VIIe siècle », Artibus Asiae 15/1-2, p. 31-83.

1952

« Études sur l'Indochine ancienne : 2. Les débuts de la royauté angkorienne », BEFEO 46/1, p. 119-176.

1955

La statuaire préangkorienne, Ascona, Artibus Asiae (15, suppl.), 240 p., 46 pl.

1959

L'archéologie mône de Dvaravati, Paris, EFEO (PEFEO 41), 331 p., 152 pl.

 

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