Paul Demiéville

Lausanne (Suisse), 1894 - Paris, 1979

Membre de 1919 à 1924, nommé correspondant en 1929

Paul Demiéville effectue ses études supérieures à Munich, Londres, Edimbourg et Paris. Il s'intéresse d'abord à l'histoire de la musique. Il aborde le chinois à Londres en 1915 et en poursuit l'étude à Paris, à l'École des langues orientales. Il suit ensuite, au Collège de France, les enseignements d'Édouard Chavannes. Il étudie le sanskrit sous la direction de Sylvain Lévi et parachève sa formation en apprenant le japonais.

Il est nommé pensionnaire de l'EFEO (1919-1924) et envoyé à Hanoi, où il arrive en 1920. Il prend d'abord le temps de visiter le pays et d'en observer, tout particulièrement, les coutumes religieuses (Les chansons du Che-king au Tonkin, Kyôto, 1928), puis effectue pendant deux ans une mission en Chine, dont il consigne les résultats dans ses « Notes d'archéologie chinoise » (BEFEO, 1925). Il rédige alors « Les versions chinoises du Milindapanha » (BEFEO, 1924), modèle de méthode philologique, d'érudition et d'analyse critique. Il y révèle d'emblée sa connaissance dans le domaine de la bouddhologie d'après les sources indiennes et leurs traductions chinoises.

De 1924 à 1926, il enseigne la philosophie occidentale, l'histoire du bouddhisme et le sanskrit à l'université d'Amoy. En 1926, il est appelé à la Maison franco-japonaise de Tôkyô, en qualité de pensionnaire. Il y reste jusqu'en 1930. Son directeur S. Lévi et le savant Takakusu Junjirô fondent cette même année 1926 le Hôbôgirin, dictionnaire encyclopédique du bouddhisme d'après les sources chinoises et japonaises, dont P. Demiéville devient le rédacteur en chef. Il fait paraître trois fascicules (en 1929, 1930 et 1937), dans lesquels la plupart des articles sont de sa plume.

À son retour en France, en 1930, il acquiert la nationalité française, puis il est nommé, en 1931, professeur de chinois à l'École des langues orientales. Donnant parallèlement des cours à l'Institut des hautes études chinoises, il n'abandonne ce poste qu'en 1945, pour devenir directeur d'études à l'École pratique des hautes études, IVe section, où il inaugure un enseignement de philosophie bouddhique. En cette même année 1945, après le décès de P. Pelliot, il le remplace à la direction du T'oung Pao avec J. J. L. Duyvendak, puis A. F. P. Hulsewé. Il en reste co-directeur jusqu'en 1976.

En 1946, P. Demiéville est élu au Collège de France, à la chaire de Langue et littérature chinoises où il succède à Henri Maspero. Sa carrière officielle est couronnée en 1951, quand il est appelé à l'Académie des inscriptions et belles-lettres.

Les études bouddhiques occupent une grande place dans l'ouvre de P. Demiéville, avec deux orientations différentes. Il y a tout d'abord le bouddhisme indien tel que l'ont connu les Chinois. Mais l'histoire du bouddhisme en Chine, les apocryphes chinois et surtout le bouddhisme purement chinois et anticonformiste de l'école du dhyâna, le tch'an l'intéressent davantage. On compte, dans ce dernier domaine, des publications telles que : Le concile de Lhasa (1952), « Le tch'an et la poésie chinoise » (Hermès 7, 1970), Entretiens de Lin-tsi (1972).

Un de ses autres sujets de prédilection est la littérature de langue vulgaire des T'ang et des Cinq Dynasties d'après les manuscrits de Dunhuang. Cette littérature a des racines et développe des thèmes bouddhiques, en partie du moins. P. Demiéville connaît également tous les aspects de la littérature chinoise et apprécie la poésie, à laquelle il consacre une anthologie.

Sources

Orbis 6/11 (1967) ; Choix d'études sinologiques (1921-1970), Leyde, E. J. Brill, 1973 ; Choix d'études bouddhiques (1929-1970), ibid. ; T'oung Pao 65/1-3 (1979), p. 1-12 ; JA 268 (1980), p. 1-10 ; Académie des Inscriptions et Belles Lettres, comptes rendus des séances juil.-oct, 1986, p. 592-607 ; Arts asiatiques 36 (1981), p. 67-68 ; BEFEO 69 (1981), p. 1-9 ; Livret de l'EPHE, 4e section, 1981/1982 & 1982/1983, p. 23-29 ; Deux siècles d'histoire de l'École des langues orientales, p. 293-294.


Publications

1924

« Les versions chinoises du Milindapanha », BEFEO 24/1-2, p. 1-258.

1929-37

Hôbôgirin, fasc. 1, Tôkyô, 1929 ; fasc. 2, 1930 ; fasc. 3, 1937 ; fasc. annexe, 1931.

1932

Le concile de Lhasa. Une controverse sur le quiétisme entre bouddhistes de l'Inde et de la Chine au VIIIe siècle de l'ère chrétienne, Paris, Institut des hautes études chinoises.

1953

« Le bouddhisme : les sources chinoises », dans L. Renou, J. Filliozat et al., L'Inde classique, t. 2, Paris, EFEO, p. 398-463.

1957

« Letteratura cinese », dans La civiltà dell'Oriente, II, Rome, p. 861-997.

1962

(éd.), Anthologie de la poésie chinoise classique, Paris, Gallimard.

1970

« Récents travaux sur Touen-houang », T'oung Pao 56, p. 1-95.

1971

(avec Jao Tsung-I), Airs de Touen-houang (Touen-houang k'in). Textes à chanter des VIIIe-IXe siècles, Paris, CNRS.

1972

Entretiens de Lin-tsi, Paris, Fayard.

1973

Choix d'études sinologiques, Leyde, E. J. Brill.

1973

Choix d'études bouddhiques, Leyde, E. J. Brill.

 

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