Avant-propos

Jean-Pierre Drège

Lorsque Denys Lombard, directeur de l'École française d'Extrême-Orient de 1993 à 1998, songea à célébrer le centième anniversaire de la fondation de l'établissement, il décida de préparer un dictionnaire biographique de ses membres. La tâche s'avéra complexe et non sans difficulté. S'attaquer en effet à la biographie des personnels scientifiques de l'EFEO n'était pas une mince affaire, pour plusieurs raisons. D'une part, si les oeuvres signées des grands savants de l'École sont bien connues des spécialistes - car publiées dans les collections et les périodiques de l'EFEO dont le Bulletin -, les chercheurs de l'EFEO ont multiplié leurs contributions à de nombreuses revues relatives à l'Extrême-Orient, en France et ailleurs, dans plusieurs langues. Ils sont également souvent les auteurs d'ouvrages publiés hors de l'EFEO par des éditeurs institutionnels ou commerciaux. D'autre part, les statuts sous lesquels les chercheurs ont participé à l'oeuvre collective de l'École sont divers : membres permanents - d'abord appelés professeurs -, membres temporaires - appelés aussi pensionnaires -, stagiaires, collaborateurs, attachés, détachés à l'École ou de l'École, correspondants, conservateurs et conservateurs-adjoints des musées locaux, chefs et inspecteurs du service archéologique, chefs du service ethnologique, secrétaires, directeurs à part entière ou par intérim, sans compter les membres d'honneur. Certains y ont exercé toute leur carrière ou presque, d'autres n'ont fait qu'y passer quelques années. Plusieurs ont occupé tour à tour plusieurs fonctions au sein même de l'établissement. Cette diversité s'est réduite lorsque le siège de l'École s'est installé à Paris après 1956. Pour autant, les statuts demeurent à l'heure actuelle encore disparates, voire ambigus et même insolites : membres permanents - chargés de recherche et maîtres de recherche -, membres au contrat renouvelable, membres associés, recrutés localement, sans statut véritable, chercheurs d'autres institutions mis à disposition de l'École, voire même affectés à l'École. S'y ajoutent les postes de directeur des études et de directeur, pourvus actuellement par détachement. Pour une bonne part, cette disparité devrait se restreindre prochainement, avec l'adoption d'un nouveau statut des personnels scientifiques, faisant des membres de l'École des directeurs d'études et des maîtres de conférences d'un double corps commun à l'École française d'Extrême-Orient, à l'École pratique des hautes études et à l'École nationale des chartes. Cette nouvelle disposition permettra aux enseignants-chercheurs de l'École d'apporter officiellement leur concours à l'enseignement supérieur et annonce un développement de la formation aux études asiatiques qui est apparu nécessaire .

De la diversité qui a eu cours tout au long du XXe siècle, le présent dictionnaire rend compte. Son objectif n'est pas une enquête administrative, pas plus qu'il ne se veut le premier volet d'un travail prosopographique. Il se propose seulement comme un outil permettant de se repérer et d'identifier les auteurs des recherches poursuivies à l'EFEO. La conception de cet ouvrage a été conditionnée par des choix. D'une part, pour des raisons de clarté, on n'y trouvera aucune notice concernant des membres associés, des membres correspondants ou des membres d'honneur. Seules les personnes rémunérées ou affectées à l'École figurent dans ce recueil. Il y là certes quelque injustice. Mais il serait tout aussi injuste que l'EFEO s'approprie les divers travaux qui ont été confiés à son service éditorial dans un esprit de bonne collaboration. Il en est de même des personnes mises à disposition par d'autres organismes, qui sont venues pour un temps renforcer le potentiel scientifique, mais qui ont effectué l'ensemble de leur carrière dans un autre cadre. Ce premier essai biographique laisse également dans l'oubli, au moins temporairement, les chercheurs asiatiques employés par l'EFEO, mais qui, dans le contexte colonial de la première moitié du XXe siècle, n'avaient pas vocation à devenir membres à part entière de l'École avant 1939. C'est une lacune qui devra être comblée, et la part significative qu'ont pris nombre de lettrés, notamment au Vietnam, au Cambodge et en Inde, devra être réévaluée. Une première tentative a débuté lors de l'exposition organisée à Hanoi pour le centenaire de l'EFEO en septembre 2000. Ce n'est qu'un premier pas.

La plupart des textes concernant les personnes vivantes ont été écrits par elles-mêmes, tandis que ceux portant sur les anciens ont été rédigés par un collectif auquel ont contribué plusieurs des chercheurs de l'EFEO, la tâche ayant été largement entamée par Mmes Nadine André-Pallois et Isabelle Pignon-Poujol, souvent à partir des données biographiques conservées dans les archives de l'École ou d'articles précédemment publiés. Les textes ont été limités volontairement dans leur développement, des renvois étant faits à des notices nécrologiques plus substantielles. Aucune directive de rédaction n'a été donnée aux auteurs rédigeant leur propre biographie, afin de conserver un caractère vivant à celles-ci. Il en résulte une liberté de ton et d'écriture qui correspond au projet même de cette publication, dont la consultation, plus que la lecture, permettra de puiser des informations et d'apporter modestement quelques éléments pour une histoire des études sur l'Extrême-Orient au cours du XXe siècle.

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