Sa Majesté Norodom Sihamoni,
Roi du Cambodge
à l’EFEO

22 novembre 2006
© École française d'Extrème-Orient 2007
Exposition virtuelle



Discours d'accueil de Franciscus Verellen, Directeur de l'EFEO

Discours d'accueil de Franciscus Verellen,
à ses côtés le ministre François Goulard

Visite de Sa Majesté Norodom Sihamoni, Roi du Cambodge
au siège de l’École française d’Extrême-Orient à Paris
à l’occasion de Sa Viste d’Etat en France
le mercredi 22 novembre 2006

Allocution d’accueil

 

Sire,
Messieurs les Ministres,
Altesses, Excellences,
Monsieur le Secrétaire perpétuel,
Messieurs les anciens Directeurs,
Mes chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

L’honneur que Votre Majesté nous accorde par Sa visite aujourd’hui s’inscrit dans la continuité de l’attention singulière que la famille royale du Cambodge a bien voulu manifester à l’égard de l’Ecole française d’Extrême-Orient.

Il y aura 60 ans l’an prochain, Sa Majesté le roi Norodom Sihanouk fut nommé « Membre d’Honneur » de l’École française d’Extrême-Orient. Par cette distinction, la plus haute que notre institution ait été en mesure de décerner à une personnalité extérieure, le Directeur de l’École, Paul Levy, voulait témoigner au roi du Cambodge la vive reconnaissance de l’École pour le soutien personnel que Sa Majesté apportait à notre institution.

Cet intérêt pour les travaux de l’École s’était affirmé au lendemain même de Son accession au trône. Dès le mois de novembre 1941, le roi Norodom Sihanouk eut à cœur de visiter la Conservation à Angkor. Il honora de Son amitié Georges Groslier, fondateur et conservateur du Musée de Phnom Penh, ainsi que le prestigieux Directeur de l’École qu’était George Cœdès.

Cette considération pour l’Ecole se concrétisa, de façon pratique, par le krêt royal n° 45, en date du 8 novembre 1951, par lequel Sa Majesté conférait à l'EFEO la personnalité civile en droit cambodgien. Ce statut octroyé dans le cadre de l’Autonomie partielle qui faisait suite à celui du Protectorat, ne fut jamais remis en cause après l’Indépendance.

L'estime que le prince Norodom Sihanouk portait à l'EFEO à l'époque florissante des années 1950 et 1960, manifeste par l'amitié qu’Il témoignait aussi à Bernard Philippe Groslier, ne se démentit pas aux heures les plus critiques. En 1989, en effet, depuis son exil de Pékin, le prince Sihanouk apporta un soutien sans réserve, accompagné même d'une aide matérielle substantielle au « Fonds pour l’Édition des Manuscrits » créé au sein de l’Ecole par François Bizot, dont la mission fut également de préparer le retour de l'EFEO au Cambodge.

Plus de trois ans avant les accords de Paris du 23 octobre 1991 qui, mettant fin au conflit civil, déterminèrent Son retour à Phnom Penh, le prince Sihanouk affirmait qu’à Ses yeux l’urgence de sauvegarder la Culture khmère transcendait toutes les divisions partisanes, et que la mission traditionnellement dévolue à l'École au Cambodge de protection du patrimoine et de constitution du savoir se situait au-delà de tous les enjeux politiques.

Au mois de novembre 1992, le prince Norodom Sihanouk, alors Président du Conseil National Suprême sous l'égide des Nations Unies, et la princesse Norodom Monineath Sihanouk accueillirent, formellement cette fois, le retour de l'EFEO au Cambodge en la personne de son Directeur Monsieur Léon Vandermeersch et de Madame, qui avait été sa condisciple au Lycée Chasseloup de Saïgon.

En 1993, quelques semaines après Sa seconde accession au trône, Sa Majesté le roi Norodom Sihanouk accorda Son Haut Patronage Royal au « Fonds pour l’Édition des Manuscrits du Cambodge » qui, depuis 1990, entreprenait dans toutes les pagodes du royaume, l’inventaire, la restauration et l’étude des manuscrits réchappés de deux décennies d’autodafé. Cette antenne de l’École française d’Extrême-Orient, premier organisme public français à revenir au Cambodge après le drame des Khmers rouges et l’occupation vietnamienne, demeura ainsi dans un pavillon mis à sa disposition au sein même du Palais royal de Phnom Penh. Elle y fut l’hôte choyée du roi jusqu’en janvier 1999, avant d’être hébergée plus largement au Vatt Unnalom.

Le 21 février 1995, Sa Majesté, accompagnée de la reine, voulut bien présider en personne la cérémonie qui marquait la reprise du chantier du Baphuon, et visiter les installations de l’EFEO à Siem Reap.

Le 17 novembre 2000 encore, Leurs Majestés le roi et la reine firent à l'EFEO l'honneur de visiter le chantier de restauration du Buddha couché du Baphuon, guidés par M. Pascal Royère, en présence du Directeur de l'École, M. Jean-Pierre Drège. Vous étiez vous-même présent lors de cette visite, Sire, dans la qualité qui était alors la Vôtre d’ambassadeur du Cambodge près l'UNESCO.

Enfin, par un message en date du 19 février 2004, le roi Norodom Sihanouk faisait don de la totalité de Ses archives personnelles à l'École française d'Extrême-Orient, afin de les rendre accessibles à l’ensemble de la communauté des chercheurs. Au mois de décembre de la même année, le roi recevait pour l'occasion en ma personne le nouveau Directeur de l'Ecole.

Sa Majesté justifiait le choix qu’Elle faisait de donner ce fonds à l’EFEO par l’amitié qu’Elle portait à la France, par l’estime et la reconnaissance qu’Elle nourrissait à l’endroit de l’École, et par la confiance personnelle qu’Elle accordait à son représentant sur place, M. Olivier de Bernon.

L’École française d’Extrême-Orient a accueilli ce legs considérable, non seulement pour la compréhension de l’histoire récente du Cambodge, mais, compte tenu de la stature exceptionnelle de son donateur, pour l’histoire mondiale de la fin du xxe siècle.

Il n’était que trop naturel que l’École française d’Extrême-Orient, au nom du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche auquel elle est rattachée, et à l’occasion de la venue en France de Sa Majesté le roi Sihamoni, témoigne de sa très vive reconnaissance au roi Norodom Sihanouk, Auquel l’unissent tant de liens anciens et fidèles.

C’est pourquoi je me permets très respectueusement, Sire, de vous inviter à dévoiler cette plaque, modeste gage de notre très profonde reconnaissance à l’égard de Sa Majesté votre auguste père.

Franciscus Verellen
Directeur de l’EFEO

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