Conférences Histoire, Archéologie et société.no. 19
17 DÉCEMBRE 99
17 décembre 1999(Académie des sciences sociales de Chine, Institut de sociologie) : Alain TOURAINE (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales), Unité de la modernité et diversité des cultures.La division qui a traversé les sociétés pendant de longs siècles a été celle qui opposait vie privée et vie publique. Ce fut considéré comme les débuts de la modernité, la rupture du contrôle de la vie privée par des forces politiques ou religieuses. Le grand bénéficiaire de cette rupture a été un pouvoir politique d’un autre type, se considérant lui-même comme l’agent principal de la rationalisation : on l’a appelée l’Etat de droit, mais il ne faut pas oublier que sa forme principale fut la monarchie absolue. Ensuite, les révolutions modernes en Irlande, en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, en France, ont fait apparaître les idées de citoyenneté, d’Etat national et de République ; mais ceci a abouti, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, à une nouvelle séparation entre société politique et société civile, celle-ci représentant avant tout l’économie libérée des contrôles étatiques. Mais, de manière de plus en plus générale, nous assistons à des efforts difficiles, qui parfois réussissent, parfois échouent, pour combiner l’idée de citoyenneté et celle de démocratie avec la reconnaissance des droits sociaux et de leur diversité et, plus récemment, celle des droits culturels qui peuvent apparaître comme le droit à la différence et deviennent alors incompatible avec des principes universalistes. L’analyse portera donc sur la manière possible de concilier et de combiner la reconnaissance des droits universels et celle de la diversité culturelle.