Paul Mus

Bourges, 1902 - Murs, 1969

Membre de 1927 à 1946

Paul Mus est né dans une famille d'enseignants, où, très jeune, ses facultés intellectuelles ont pu s'épanouir. Toute son enfance se déroule en Indochine, puis il rentre en France pour faire ses études. Élève de khâgne au lycée Henri IV, il a pour maître le philosophe Alain. Il se tourne vers l'orientalisme et devient disciple de Sylvain Lévi en sanskrit et tibétain, et d'Arnold Vissière en chinois. Il apprend également le siamois et le vietnamien. Il devient membre de l'EFEO en 1927, soutient en 1933 une thèse de doctorat très remarquée sur le Borobodur. En 1937, il est nommé directeur d'études à la Ve section de l'École pratique des hautes études.

Lors de la deuxième guerre mondiale, il est officier. Fin 1940, il gagne Calcutta et la France Libre pour laquelle, en 1944, il est parachuté au Tonkin. Lors du coup de force japonais du 9 mars 1945, il est à Hanoi et travaille pour le compte des services spéciaux. Il échappe aux Japonais, rejoint à pied Son La, puis Kunming, ce qui lui vaut de nombreuses aventures.

Après la capitulation japonaise, il devient pour quelque temps conseiller du général Leclerc, et intervient en faveur d'une politique accordant clairement l'indépendance au Vietnam. Il se retire sur un échec.

Il est alors nommé, en France, directeur de l'École nationale de la France d'outre-mer. En 1946, il obtient la chaire de civilisations d'Extrême-Orient au Collège de France. Quelques années plus tard, il accepte d'assumer parallèlement un enseignement à l'université de Yale.

Dans ses travaux, P. Mus privilégie la compréhension en profondeur sur la diversité. Il sent la distance sensible entre « l'homme de terrain » et le savant de cabinet. Son exigence est de « ne pas prendre une bibliothèque pour l'équivalent d'un pays ». Dans les pas de J. Przyluski, S. Lévi et J. Granet, il s'applique à rechercher les substrats anciens, « les antécédents, ployés et recouverts par les apports brahmaniques pour l'Inde (ou confucéens pour la Chine) ». Pour cela il combine les résultats de plusieurs disciplines : linguistique, ethnographie, archéologie, histoire des religions. Il en réalise une excellente formulation dans la conférence de 1934 intitulée : « Cultes indiens et indigènes au Campa ». Pour l'archéologue du Borobudur, ce monument et le stûpa en général sont parmi les grandes sources de réflexion et le meilleur cadre de référence pour ses recherches sur l'histoire du bouddhisme.

Source

Bio-bibliographie dans BEFEO 57 (1970), p. 25-42.


Publications

1928

« Études indiennes et indochinoises. L'inscription à Valmiki de Prakaçadharma. Le Buddha paré, son origine indienne, çakyamuni dans le Mahayanisme moyen », BEFEO 28/1-2, p. 81-247.

1933

« Cultes indiens et indigènes au Champa », BEFEO 33/1, p. 367-410.

1935

Barabudur. Esquisse d'une histoire du bouddhisme fondée sur la critique archéologique des textes, Hanoi, [1re éd. dans BEFEO 32/1, p. 269-439 ; 33, p. 577-980 ; et 34, p. 175-400.)

1937

« La mythologie primitive et la pensée de l'Inde », Bulletin de la société française de philosophie, mai-juin, p. 83-126.

1938

« La notion de temps réversible dans la mythologie bouddhique », Paris, EPHE, Ve section, Annuaire 1938-39, p. 5-78.

1939

La lumière sur les six voies, Paris, Institut d'ethnologie (Travaux et mémoires de l'Institut d'ethnologie, 35), 330 p.

1952

Vietnam, sociologie d'une guerre, Paris, Le Seuil.

1961

« Le sourire d'Angkor. Art, foi et politique bouddhiques sous Jayavarman VII », Artibus Asiae 24/3-4, p. 363-381.

1962

« Du nouveau sur Rgveda X 90 ? Sociologie d'une grammaire », in Indological Studies in Honor of W. Norman Brown, American Oriental Series, vol. 47, p. 165-185.

1964

« Un cinéma solide. L'intégration du temps dans l'art de l'Inde et l'art contemporain », Arts asiatiques 10/1, p. 21-34.

 

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