Émile Gaspardone

Peypin, 1895 - Tôkyô, 1982

Membre de 1926 à 1936

Émile Gaspardone est né le 20 juin 1895 à Peypin, petite commune rurale située entre Aix-en-Provence et Marseille, à la mairie de laquelle son père avait succédé à son grand-père. Après l'école communale - et l'apprentissage du latin avec le curé de la paroisse -, le jeune Émile, qui apparaît doué pour les études, est inscrit par ses parents à l'École normale du ressort du rectorat de Marseille, dont, cinq ans plus tard, il sort instituteur. Il embrasse alors la profession de maître d'école, tout en suivant les cours d'allemand, d'anglais et d'espagnol que dispense la Chambre de commerce de Marseille, et en donnant des articles littéraires à des revues locales, dont La Criée qui allait devenir célèbre. Mais la guerre éclate. Mobilisé en décembre 1914, il est affecté au 120 e régiment d'infanterie. Sa conduite héroïque à Verdun lui vaut la croix de guerre. Après avoir participé à l'occupation de la Rhénanie - ce qui lui donne l'occasion de perfectionner son allemand -, il est démobilisé en septembre 1919. Il s'inscrit alors à l'École des langues orientales en chinois et en russe, en même temps qu'il prépare à la Sorbonne une licence de lettres.

Dès qu'il est licencié et diplômé de langue, en 1926, il est recruté par l'EFEO, en tant que spécialiste de langue et philologie chinoises, et part pour l'Indochine. En 1930, il est envoyé à la Maison franco-japonaise de Tôkyô pour participer au programme du Hôbôgirin qu'avaient lancé Sylvain Lévi et le savant japonais Takakusu Junjirô. Après un congé statutaire de six mois en métropole, il retourne au Japon par le transsibérien et reçoit la mission de se rendre en Chine pour enquêter sur les travaux qu'y poursuivent les sinologues japonais. Ayant entre-temps épousé une jeune aristocrate japonaise, Katsu Muramatsu, c'est avec elle qu'il séjourne à Pékin, au plus fort de la tension que provoque sur place l'affaire du Mandchoukuo. Rentré à Hanoi, É. Gaspardone va désormais se consacrer à la vietnamologie, en commençant par rédiger une très importante « Bibliographie annamite » (BEFEO 34), comprenant les notices de tous les ouvrages annamites de langue chinoise répertoriés dans les bibliothèques de l'EFEO à Hanoi, conservés à Hué, ou appartenant à des fonds privés.

En 1936, le directeur de l'École des langues orientales, Paul Boyer, dont il avait été l'élève en russe, l'appelle à prendre à l'École le poste de professeur de vietnamien. Il accepte et quitte donc l'EFEO pour rentrer en France. Concurremment à son enseignement du vietnamien aux Langues orientales, il est chargé de conférences à la Sorbonne en 1938 et 1939 (et le sera de nouveau en 1942). Mais éclate la seconde guerre mondiale. É. Gaspardone est de nouveau mobilisé, cette fois comme enseigne de vaisseau chargé du chiffre, basé sur les îlots fortifiés de Frioul, à l'entrée du port de Marseille. La guerre terminée, il est élu au Collège de France, en 1946, pour remplacer à la chaire d'histoire et philologie indochinoises Jean Przyluski, décédé.

Admis à prendre sa retraite en 1965, puis nommé professeur honoraire l'année suivante, il se retire en 1967 au Japon, dans la maison familiale de son épouse, à Zama (préfecture de Kanagawa). C'est là qu'il meurt, le 19 avril 1982, des suites d'une chute dont il n'avait pu se remettre.

Sa bibliographie compte plus de deux cents titres d'articles et de comptes rendus parus dans diverses revues spécialisées. Outre la croix de guerre, É. Gaspardone avait reçu la Légion d'honneur en 1952.

Sources

Tohogaku (Eastern Studies, Tôkyô) 66 (juil. 1983) ; 67 (janv. 1984) [en japonais].


Publications

1934

« Bibliographie annamite », BEFEO 34, p. 1-173.

1936

« Fouilles d'Indochine », Revue de Paris, p. 615-637.

1958

« Les deux premiers fou de Sseu-ma Siang-jou », JA 246/4, p. 447-452.

 

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