Charles Archaimbault Thouars, 1921 Créteil, 2001 Membre de 1951 à 1978 Parallèlement à la préparation de certificats desthétique, de psychologie et de religions primitives, Charles Archaimbault prend une part active à la Résistance, dont, à la Libération, il analyse les implications philosophiques dans un diplôme détudes supérieures. Il obtient la licence de philosophie en 1946, puis se dirige vers lÉcole des langues orientales, dont il termine le cursus en 1950, après y avoir étudié le chinois, le thaï et le lao. Entre-temps, il rencontre A. Leroi-Gourhan qui le prend comme stagiaire CNRS au musée de lHomme et le pousse à passer un certificat dethnologie en 1950. G. Cdès lui propose de remplaçer les travaux pratiques du musée de lHomme par la traduction, avec lui, de ce qui passe pour le premier texte thaï, le Traibhumikathâ, un traité de cosmologie bouddhique sur Les trois Mondes. En 1951, G. Cdès suscite sa nomination à lEFEO et son départ au Laos, où il restera cinq ans, enquêtant principalement dans le sud et le centre du Laos. En 1956, il accomplit une mission de quelques mois en Malaisie, parmis les populations dites Sam Sam, puis prépare une thèse sur lhistoire et lorganisation rituelle de Basak-Champasak, quil soutient en 1959, à Paris. Ensuite, il sinstalle à Bangkok, doù il exploitera jusquà la fin de sa vie les manuscrits et documents rapportés du Laos. Dès son arrivée au Laos en 1951, Ch. Archaimbault prend conscience que, en dehors de la littérature et de lart, presque personne na véritablement étudié la société lao. Bravant souvent les interdictions de déplacement imposées par ladministration, il sapplique à recueillir et analyser les traditions régionales à Luang Prabang, Xiengkhuang, Vientiane et Champasak. Partout, il recherche des informateurs, puis note, recoupe, vérifie, compare, à la fois entre elles et avec les sources écrites, les traditions vivantes orales rituelles ou littéraires, souvent méprisées par les érudits au profit du seul écrit. Ch. Archaimbault a la chance de nouer dexcellentes relations avec le prince Boun Oum à Champasak et, à Xiengkhuang, avec Chao Sai Kham, descendant des chefs de la principauté des Phuan. Grâce au premier, il comprend comment les rituels, lhistoire et même la politique sont, dans cette principauté du Sud Laos, profondément marqués par le souvenir obsédant dune tare originelle qui obère son destin. Ch. Archaimbault pousuit sa recherche par, notamment, une étude comparative de la course des pirogues à Luang Prabang, Vientiane et Champasak. Pour Xiengkhuang, en raison de lévolution de la guerre dans cette région, Ch. Archaimbault ne peut développer aussi complètement sa recherche. Il publie toutefois les Annales de Xiengkhuang, ainsi quune étude du jeu de hockey le ti khi dont la fonction symbolique serait de soulager la conscience collective dune trahison ancienne ici « politique » grâce à une purification annuelle. Ethnographe méticuleux et ethnologue spéculatif, Ch. Archaimbault peut être également considéré comme un historien des religions. La plupart de ses observations lont amené à rencontrer le bouddhisme, ou, plus exactement, des rituels où des bonzes entrent en scène, où des mantra bouddhiques sont psalmodiés, où le karma constitue le décor cosmologique de fond. Mais il ne voit pas pour autant dans le bouddhisme laotien la religion fondamentale. Même quand il se penche sur les fêtes des that (stûpa), il découvre tout un complexe de croyances sous le vernis doré de la religion maintenant officielle. Ch. Archaimbault, incontournable pour létude du Laos, a tenté den décrypter limaginaire, didentifier les « structures » et darticuler les « complexes ». |
Sources Jean-Michel Minon, Entretien avec Charles Archaimbault, diffusé sur RTB, dans le cadre de lémission « Champs libres », 1990 ; Aséanie 7 (juin 2001), p. 169-184 ; bio-bibliographie dans Lettre de lAFRASE 53 (mars 2001), p. 1-10 ; et le dans BEFEO 88 (2001). Publications 1959 « La naissance du monde selon les traditions lao : le mythe de Khun Bulom », dans La naissance du monde, Paris, Seuil (Sources orientales), p. 383-416. 1961 « Lhistoire de Campasak », JA 249/4, p. 519-595. 1967 « Les Annales de lancien royaume de Sieng Khwang », BEFEO 53/2, p. 557-673. 1971 The New year Ceremony at Basak (South Laos), Ithaca (NY), Cornell University. 1972 « La cérémonie de Khun Cieng Khun Ni à Basak-Campasak (Sud-Laos) », dans Langues et Techniques, Natures et Sociétés, Paris, Klincksieck, p. 13-20. 1972 La course de pirogues au Laos : un complexe culturel, Ascona, Artibus Asiae. 1973 Structures religieuses Lao (rites et mythes), Vientiane, Vithagna. 1973 (avec G. Cdès), Les Trois Mondes (Traibhumi Brah Rvan), Paris, EFEO (PEFEO, 89). 1980 Contribution à létude dun cycle de légendes lau, Paris, EFEO (PEFEO, 119). 1991 Le sacrifice du buffle à Sieng Khwang (Laos), Paris, EFEO (PEFEO, 164).
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